320px-logo est eclair v2EDITION DU 15 AVRIL 2024 - SARAH LAVOINE

SANTÉ

Derrière le don de plasma,
sauver et offrir une vie normale

Méconnu, le don de plasma est essentiel pour la fabrication de médicaments dans le cas de traitements de longue durée ou pour des transfusions ponctuelles. L'Établissement français du sang relance un appel au don.

À SAVOIR

  • Les médicaments et injections à base de plasma permettent de soigner plus de 500 000 patients chaque année, selon l'EFS, aussi bien en urgence et réanimation, que dans des traitements de longue durée, ou contre le Covid-19.
  • En 2022, en France, il y a eu plus de 240 000 dons de plasma, contre 2,3 millions de dons de sang total (plaquettes, globules rouges et plasma indistinctement).
  • En 2023, dans le Grand Est, il y a eu 57 700 dons de plasma.
  • Pour donner, il suffit d’avoir entre 18 et 65 ans, peser plus de 55 kg et ne pas avoir de contre-indication.
  • Un don de plasma se fait avec une prise de rendez-vous.

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Le plasma bénéficie aussi bien aux urgences qu'aux traitements de longue durée, comme c'est le cas pour Marie-Charlotte Martin et Marie-Cécile Gaudeau, médecins à l'EFS Troyes.

Ma fille est née avec une malformation cardiaque et a dû subir deux grosses chirurgies à cœur ouvert », confie Marie-Charlotte Martin, médecin à l'EFS (Établissement français du sang) de Troyes, assise dans son petit cabinet du centre de prélèvement, avec sa blouse toujours sur les épaules, alors que plus aucun donneur n'était présent. Ces opérations sont particulièrement importantes en perte de sang, explique-t-elle, et nécessitent un apport en plasma et en globules rouges. « En réanimation, ensuite, on lui a transfusé du plasma sous forme d'albumine, une protéine souvent utilisée à ce moment là pour l'aider à passer cette période », ajoute-t-elle, comme cela est généralement le cas en réanimation.

Ce traitement d'urgence est ponctuel et sert à augmenter le volume sanguin et à favoriser la coagulation. « Sans les globules rouges et le plasma qu'elle a reçus, ça aurait été plus compliqué », analyse la médecin. Le plasma permet également de transporter les cellules sanguines et les nutriments tout en défendant l’organisme contre les infections, selon l’EFS.

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Le don de plasma nécessite une prise de rendez-vous.
Aurore Chabaud.

Chaque année, le plasma permet de soigner plus de 500 000 patients à travers des transfusions, ponctuelles ou non, ou des médicaments pour des traitements longue durée. En 2022, il y a eu plus de 240 000 dons de plasma en France (contre plus de 2,3 millions pour le don de sang total). Dans le Grand Est, en 2023, il y a eu 57 700 dons de plasma. Cette année, l'objectif est de dépasser les 71 000 dans la région.

Mais la France est loin d'être autosuffisante. Faute de dons, malgré les besoins grandissants grâce à une recherche qui avance et de meilleurs dépistages, le pays s’approvisionne auprès d'autres pays, comme les États-Unis (à plus de 60 %) posant un problème éthique: les dons y sont rémunérés, a contrario de la politique française. Une nouvelle usine du Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB) ouvrira ses portes à Arras (Pas-de-Calais) en 2027 afin d'augmenter la production.

PATHOLOGIES LONGUE DURÉE

Le plasma est également utilisé dans des traitements plus longs dans le cadre de pathologies auto-immunes, hématologiques, neurologiques ou encore dermatologiques et infectieuses. C'est le cas de Marie-Cécile Gaudeau, médecin à l'EFS Troyes et atteinte de polyarthrite rhumatoïde. Maladie qui s'est déclarée à la fin de l'allaitement de sa fille, il y a huit ans. Le système immunitaire endommage les articulations et les tissus conjonctifs et provoque des douleurs, des gonflements et des raideurs articulaires. Mains, doigts, poignets et orteils sont les plus touchés. Ces douleurs peuvent être canalisées grâce à de la balnéothérapie et surtout grâce à des médicaments à base de plasma. Grâce à l'innovation, il suffit à Marie-Cécile Gaudeau de se faire elle-même ses injections tous les 28 jours. « Si on peut éviter l'hôpital, c'est mieux pour accepter la maladie », avance-t-elle. Une autonomie qui n'est donc pas négligeable.

« Si on peut éviter l'hôpital,
c'est mieux pour accepter la maladie. »

Marie-Cécile Gaudeau - Médecin EFS Troyes

« Grâce à ce traitement, c'est stable, avec des douleurs qui sont acceptables », confie-t-elle, malgré la fatigue et les quelques effets indésirables qui peuvent survenir. « Je préfère avoir une rhinite que de ne pas pouvoir me lever, me coiffer, m’occuper de ma fille. Il y a le pour et le contre. Mais, je peux avoir une vie normale », relativise-t-elle. Pour autant, chaque virus, chaque microbe est tenu le plus possible à l'écart : « Ça peut partir en vrille », glisse le médecin qui reste optimiste quant à l'avenir et aux risques de pénurie. « On trouvera d'autres moyens », ajoute-t-elle avant de conclure : « On peut bien vivre (avec les traitements) et éviter d’être dans une chaise à 50 ans. » ◼︎

COMMENT DONNER SON PLASMA ?
Plus méconnu alors qu'il entre dans le cadre des dons de sang, le don de plasma trouve de plus en plus sa place dans la communication de l'EFS. À la différence d'un don de sang traditionnel où sont récoltés aussi bien les globules rouges et les plaquettes que le plasma, là, seul le plasma est extrait, restituant les autres composants.
Le don dure entre 45 et 60 minutes et ne se fait que sur rendez-vous. Il est possible de donner tous les 15 jours, contre toutes les huit semaines pour le don de sang total et quatre semaines pour le don de plaquettes. Le plasma est ensuite envoyé dans un laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies qui va en contrôler la qualité, le mettre en quarantaine puis le fractionner et l’employer pour fabriquer des medicaments.
Il suffit d'avoir entre 18 et 65 ans, de peser plus de 55 kg et de remplir les conditions nécessaires à l'issue d'un entretien médical préalable